Il y a dix ans déjà, Jacques Villeneuve était sacré champion du monde des pilotes de Formule 1. Voici la deuxième partie du reportage que notre collègue Jean-Luc Legendre a préparé sur cette année magique pour le pilote Québécois.
Jacques Villeneuve se présente à Jerez, en Espagne, avec un point de retard sur Michael Schumacher.
"Nous voulons tous les deux une lutte propre. Je ne veux pas gagner le championnat à cause d’un incident en piste", déclare alors l’Allemand.
Mais tout le monde se souvient qu'en pareille circonstance, trois ans plut tôt, Schumacher n'avait pas hésité à éliminer son rival Damon Hill pour s'assurer le championnat des pilotes.
Donc pour la dernière course de la saison 1997, la tension est à son comble. Jacques Villeneuve part en tête, devant Schumacher.
Le pilote Ferrari devance son adversaire de Williams jusqu'après le deuxième arrêt aux puits. À ce moment, Villeneuve s'approche de Schumacher.
"J'étais chez moi devant le téléviseur. Tout le monde s'attendait à ce que Micheal fasse un coup de cochon", se souvient Joann Villeneuve, la mère de Jacques.
"On savait qu'il allait le faire, mais quand?, lance Villeneuve. C'est pour ça qu'il fallait prendre un gros risque pour le dépasser. Il fallait le surprendre."
Et le risque, Villeneuve décide de le prendre au virage Dry-Sac.
"Je m'étais dit que c’était là que ça devait se passer. Et il fallait que ce soit en sortant des puits avec des pneus neufs, explique Villeneuve, qui passe à l’action au 48e tour. J'étais derrière lui, un peu trop loin, mais c’était maintenant ou jamais. J'ai vraiment freiné très, très tard et c'est pour ça que ça l'a surpris."
Au bout de la longue ligne droite, Villeneuve prend l’intérieur de Schumacher, qui provoque un contact. La roue avant droite de sa Ferrari heurte la Williams de Villeneuve… sa course est terminée!
"Il a manqué son coup, observe Villeneuve. Heureusement, car là c'était facile de le disqualifier."
Contrairement à Schumacher, Villeneuve peut poursuivre sa route, mais il doit absolument amasser un point, ce qui n'est pas acquis.
"La batterie dans la voiture ne tenait qu'à un fil, note Villeneuve. On a été chanceux de finir la course."
Villeneuve rallie l'arrivée en troisième position et il est sacré, à 26 ans, champion du monde de Formule 1.
"J’étais content de voir Michael rater son coup, avoue Jan Magnussen, qui était à l’époque pilote de l’écurie Stewart. Ce n’est pas la bonne façon de gagner. Le vrai champion, c’était Jacques. Il était très fort."
"J'ai vraiment vu cette victoire comme une victoire de pilote, une victoire sur les événement de cette année-là", a résumé Mme Villeneuve.
"Maintenant, je me rends compte que je suis passé proche de ne pas gagner, se remémore JV. Ça a été un dur combat jusqu'à la fin et les chances étaient plus du côté de l'adversaire que du mien."
Quelques jours plus tard, la Villeneuve-mania atteint son comble. Le champion du monde, héros fils de héros, est acclamé lors d'une rencontre spéciale au Centre Molson.
"C'était vraiment incroyable le délire collectif à ce moment-là, qui était la libération de cette folie qu'avait créé Jacques sans le vouloir", rapporte Pierre Houde.
Jacques Villeneuve n'a jamais eu la chance de répéter ce qu'il a accompli lors de sa deuxième saison en Formule Un. Il restera néanmoins auréolé pour toujours du titre le plus glorieux du sport automobile
Jeu 25 Oct - 15:36